Women of LolaLiza liesbeth dillen Women of LolaLiza liesbeth dillen

En choisissant d'être indépendante, autant professionnellement que dans sa vie privée, Liesbeth Dillen a rompu avec les codes des années 80.

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Présentez-vous brièvement

Je m’appelle Liesbeth et je dirai que la meilleure manière de décrire mon parcours est d’utiliser les couleurs jaune et bleu. En effet, j’ai travaillé pendant plus de vingt ans chez IKEA, et ce, dans le monde entier. Pour moi, c’était une véritable innovation. En 2001, je me suis ainsi démenée pour donner à la cliente une place centrale dans l'entreprise. Au niveau de la direction, j’étais la seule femme entourée d’hommes suédois et belges. Bien que je voulais que la cliente soit le client type IKEA, l’entreprise n’affirmait pas sa volonté de mettre la femme au cœur du concept.

C’est pourquoi je voulais donner toute son importance à la femme au sein de l’entreprise. L’idée s’est ensuite répandue dans le monde entier. En 2007, j’ai quitté IKEA et j’ai fondé ma propre entreprise : She works with Wo-men. Celle-ci est axée sur les femmes qui occupent des postes de leaders. Depuis 2010, j’ai adapté mon approche et j’ai commencé à collaborer avec des femmes, mais aussi des hommes, tout simplement parce que je peux réaliser des avancées pour les femmes en travaillant avec des hommes. C’est surtout auprès des hommes que de nombreux changements s’opèrent. Si vous voulez faire preuve d’innovation dans votre réflexion, vous devez inviter d’autres personnes à prendre part à cette réflexion. Les temps ont changé.

Comment célébrez-vous les femmes ?

Je donne de nombreuses conférences. Pourtant, quand je suis invitée à participer à la Journée des femmes, je trouve cela assez dommage. Cela me rend triste de penser qu’une Journée de la femme soit encore nécessaire en 2019. Une journée comme celle-ci est la preuve qu’il s’agit de quelque chose d’exceptionnel. Il y a donc un contraste avec la diversité actuelle qui est promue comme une norme. J’aimerais qu’une journée pareille ne soit plus nécessaire. Pour ma part, je célèbre les femmes en les encourageant à se développer.

Au début des années 80, c’était surtout aux femmes de devoir s’adapter. Je porte aujourd’hui des vêtements colorés de LolaLiza. À l’époque, c’était plutôt tailleur noir et blouse blanche. La féminité n’était pas mise en valeur. Depuis, je suis devenue folle de robes, de préférence rouges. Les femmes ne doivent plus se conformer pour être entendues. Ce qui les différencie créé une nouvelle dynamique. Nous avons évolué pour passer de la conformité à une réflexion innovante.

Le monde du travail dans les années 80 était vraiment très difficile. On disait alors : « Si tu n’aimes pas avoir chaud, sors de la cuisine ». Les femmes de ma génération devaient alors s’endurcir pour pouvoir se faire une place. Un phénomène est alors apparu, celui du syndrome de la reine des abeilles : ces femmes s’étaient endurcies à l’extrême parce qu’elles étaient parvenues à une position d’autorité. Ces femmes étaient particulièrement exigeantes avec elles-mêmes, mais également avec les personnes autour d’elles. Ma mission est de contrer cette mentalité et de faciliter la réflexion axée sur l’innovation. Ces 5 dernières années, j’ai surtout ciblé les hommes pour leur apprendre à mener leur mission de dirigeant sans qu’ils espèrent des femmes qu’elles s’adaptent à cette époque révolue. Je crois en un nouveau monde et en une nouvelle ère où les individus dépassent leurs intérêts personnels pour penser à l’ensemble. Ce monde offre la place qui revient aux femmes, mais aussi aux hommes.

Actuellement, qu’est-ce qui est un frein pour les femmes au niveau professionnel et au niveau social ?

Elles n’ont pas assez d’ambition. Les femmes ne vont pas au bout de leurs rêves et de leurs capacités. Je pense que c’est une énorme entrave pour les femmes. Au moment de postuler pour un emploi, il arrive qu’une femme se sous-estime et n’ose même pas envoyer sa candidature. Chez les hommes, c’est l’inverse. Ils osent relever un défi plus rapidement et réalisent qu’ils ont encore des choses à apprendre. Les femmes doivent apprendre à aller de l’avant au lieu de rester dans leur position.

Quelle femme est pour vous une source d’inspiration ?

Je pourrais répondre à cette question de façon intellectuelle, mais je dois dire que ma mère est ma source d’inspiration. À 38 ans, elle a perdu son mari et n’a pas travaillé pendant longtemps. À l’époque, l’idée était largement répandue que la femme était financièrement dépendante de son époux. Ma mère est ici un exemple d’autonomie et de persévérance.

Bien qu’elle n’ait pas eu les mêmes opportunités qu’ont les femmes à l’heure actuelle, elle me les a transmises. Elle n’a jamais eu de modèle, et pourtant elle m’a été entièrement dévouée. J’ai également une fille, Marine. Elle s’est récemment envolée vers l’Australie pour une année et pour le moment, elle n’a aucune envie de revenir. Elle s’en sort parfaitement ! Pour moi, elle symbolise la génération actuelle qui veut découvrir le monde et qui ose affronter les échecs avec confiance pour toujours mieux se relever. De nombreuses femmes sont une source d’inspiration, mais je porte ces deux personnes dans mon cœur.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ? Par qui vous a-t-il été transmis ?

C’est peut-être un conseil étrange, mais quand j’avais 16 ans et que j’étais au chevet de mon père mourant, j’ai réalisé que les membres d’une famille étaient très souvent dépendants du père ou du mari. Lorsque j’ai perdu mon père, j’ai pris la décision de ne jamais dépendre financièrement d’un homme. Si je suis en couple, c’est parce que je dispose de la liberté de faire mes propres choix.

Mon meilleur conseil m’a donc été indirectement transmis par la mort de mon papa : vous êtes toujours libre si vous vous assurez d’être financièrement indépendante. Un autre conseil que j’applique est de rire un maximum. La vie est bien plus belle si vous pouvez rire.

Des conseils pour faire le plein de positivité ?

N'oubliez pas qu’une petite fille se cache dans chacune d’entre nous. Pour moi, cela signifie danser au quotidien. Que je sois dans une chambre d’hôtel ou chez moi, je mets de la musique et je parcours la pièce en dansant. Cela me donne de l’énergie, car je libère la petite fille qui est en moi, et donc la spontanéité et la gaieté qui sommeillent dans chaque femme.

Mon deuxième conseil est de ne pas s’attarder sur les déceptions qu’apporte la vie. Des situations comme ça vous rendent plus fortes et ne doivent pas vous ralentir. Pour vous citer un exemple concret, j’ai été victime il y a quelques années d'une erreur médicale lorsqu’on m’a enlevé une tumeur. On m’avait alors dit que je resterais handicapée à 70 % pour le reste de ma vie. Il est très facile de se sentir abattue par un tel diagnostic et de vouloir s’engager dans des poursuites judiciaires contre l’hôpital.

Les 30 % d’énergie qui me restaient auraient pu être utilisés pour me lancer dans un procès de longue durée, entourée d’avocats. J’ai volontairement choisi de passer outre et de ne pas m’arrêter de vivre. Ma vie a complètement changé. Ne vous laissez pas submerger par la peur, laissez-vous plutôt guider par l’espoir.

Quelle est la tenue qui vous donne envie de conquérir le monde ?

Quand j’étais employée, je portais des tenues classiques et typiques au monde de l’entreprise. C’est désormais derrière moi. Depuis plusieurs années, je collectionne les robes. J’en raffole. Ma tenue de conquérante est une robe rouge. Je porte aussi du rouge à lèvres tous les jours. Quand on me présente, on m’appelle Lipstick Liesbeth.

Quelle est votre nourriture préférée ?

Les gâteaux, les biscuits et le chocolat !

Comment profitez-vous du temps rien que pour vous ?

Pour moi, c’est faire du shopping à distance avec ma fille qui est en Australie, dans la mesure du possible évidemment. Même si elle est dans une cabine d’essayage en Australie et que je suis assise à boire mon thé à la maison, je profite d’une séance shopping avec elle. Sinon, j’aime faire du yoga tôt le matin ou me promener seule dans la nature. Le silence me permet de me reconnecter avec moi-même et de faire le vide dans ma tête pour affronter la journée.

Quelle est la chanson qui vous met de bonne humeur ?

J’en ai des tas ! Je bondis dès que j’entends de la musique. Tout y passe : Marvin Gaye, Joss Stone, Raphael Saadiq, Paolo Nutini... Je peux aussi chanter à pleins poumons sur Aretha Franklin. La musique nourrit la joie de vivre, le corps se réveille grâce à l’énergie qu’elle procure. J’adore !



Découvrir le site web:

https://www.liesbethdillen.com/she


Ted talk

Women of LolaLiza other women

https://youtu.be/E_xMr6PqLPw

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